|
La Chine freine de nouvelles sanctions contre l'Iran
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/06/la-chine-freine-de-nouvelles-sanctions-contre-l-iran_1287985_3218.html
Passé l'horizon que l'administration Barack Obama avait fixé – la fin 2009 – comme le moment d'évaluer les résultats de son ouverture diplomatique à l'Iran, s'enclenche la phase de préparation de nouvelles sanctions, du moins de nouvelles pressions, sur la République islamique. Cette étape intervient au moment où l'Iran s'enfonce dans un cycle de contestation-repression dont l'issue est bien difficile à prévoir. Trouver la bonne articulation entre le contexte intérieur iranien et l'effort extérieur de sanctions est ainsi devenu l'une des préoccupations des diplomates.
Un nouveau train de sanctions n'offrirait-il pas au régime iranien l'occasion rêvée de ressouder autour de lui la population, après des mois de troubles politiques qui ont ébranlé sa légitimité ? La diplomatie française fait pour sa part l'analyse que de telles inquiétudes sont désormais exagérées, voire infondées. La cassure entre le régime iranien et la population serait telle que la mise sous pression du pays à propos de son programme nucléaire ne suffirait pas pour susciter un sursaut d'unité nationaliste. "Il y a trop de types en prison" en Iran, résume-t-on.
Faut-il concentrer toutefois le "tir" de nouvelles sanctions sur les puissants Gardiens de la révolution (pasdarans), qui ont la double caractéristique d'être au coeur de l'appareil répressif iranien et de piloter les programmes nucléaire et balistique du pays ? L'idée a été mise en avant publiquement par la sécrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, afin de "ne pas contribuer à la souffrance des Iraniens".
"EMBÊTANT DE CIBLER LA POPULATION"
Côté français, on indique que si l'idée d'un embargo sur les ventes à l'Iran de produits pétroliers raffinés (le pays importe 40% de ses besoins en la matière) a été écartée "depuis un certain temps déjà", c'est notamment parce que sa mise en oeuvre aurait posé de grands problèmes. "Il est embêtant de cibler la population, et une telle mesure aurait été facilement contournable, par toutes les frontières de l'Iran", commente un officiel. Le secteur énergétique devrait toutefois être ciblé, dans une logique consistant à élargir le périmètre des mesures adoptées depuis 2006 au niveau de l'ONU puis de l'Union européenne (UE).
D'abord concentrées sur des entités (entreprises, structures, individus) liées aux secteurs nucléaire et balistique de l'Iran, les sanctions internationales se sont peu à peu élargies au domaine bancaire ou à celui des transports. Une tendance que Paris souhaite voir accentuer. Il est question de limiter des importations d'équipements ou de technologies nécessaires au bon fonctionnement du secteur pétrolier iranien, voire d'entraver certaines exportations énergétiques iraniennes.
Quel scénario se prépare? Les Occidentaux ont décidé de procéder dans un premier temps au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU. L'objectif n'est pas tant de parvenir à des mesures fortes – les diplomates estimant que les chances sont maigres étant donné les réticences russes et chinoises – que de sauvegarder un front diplomatique consensuel face à Téhéran.
L'ONU servirait avant tout d'habillage, de signal politique, pour permettre de passer à des sanctions plus intenses sur le plan européen, ou au sein d'un groupe de pays "volontaires". En décembre, les pays de l'UE se sont déjà accordés sur l'idée d'"accompagner" l'ONU dans sa stratégie à l'encontre de Téhéran. Se ménageant ainsi la possibilité d'aller plus loin. Des pays comme l'Italie et, dans une moindre mesure, l'Allemagne, ont fait savoir qu'il serait difficile d'envisager de nouvelles sanctions européennes autonomes sans avoir au préalable franchi l'étape d'un vote aux Nations unies.
Mais, à l'ONU, où les dernières sanctions remontent à mars 2008, le processus s'annonce long et difficile. L'obstacle numéro un désigné par les diplomates occidentaux est la Chine, qui semble ménager un axe stratégique avec l'Iran, important fournisseur de pétrole. Pékin a été apparemment moins choqué que Moscou par la révélation en septembre d'un nouveau site iranien clandestin d'enrichissement d'uranium. Le pouvoir chinois appelle à "un peu plus de temps et de patience".
La "fenêtre d'opportunité", juge-t-on à Paris, est "limitée". La France espère parvenir à un résultat en février lorsqu'elle présidera à son tour le Conseil de sécurité de l'ONU. Ce qui ouvrirait la voie à des décisions des Vingt-Sept lors d'un Conseil européen prévu en mars. "Mais ça paraît optimiste", jugent certains. Les Chinois tardent à confirmer la tenue d'une réunion, prévue ce mois-ci, des directeurs politiques des six pays traitant le dossier nucléaire (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne).
Entretemps, les Occidentaux s'emploient à expliquer leur stratégie aux grands pays musulmans, et aux "émergents", telles l'Arabie saoudite, l'Indonésie, l'Inde, afin de convaincre que la porte d'une résolution pacifique du contentieux nucléaire restera ouverte même si l'on en vient à de nouvelles sanctions. Ce pourrait être d'ailleurs là le sens des propos récents d'Hillary Clinton soulignant que Washington évitait de parler d'"ultimatum" adressé à l'Iran.
En matière de sanctions, les Etats-Unis disposent quoi qu'il en soit d'une carte majeure : leur capacité à limiter les activités sur leur sol de toute entité économique qui traiterait à leurs yeux de trop près avec l'Iran. Ces pressions-là, unilatérales, peuvent passer par différents biais, pas forcément législatifs.
La brutalité policière en Iran et les multiples provocations extérieures du régime, ont accompagné l'échec du projet américain d'évacuation d'uranium enrichi hors d'Iran, qui visait à réduire la tension internationale autour du nucléaire. Ces mêmes facteurs sont aujourd'hui considérés comme "positifs" pour rallier un soutien à des sanctions. Pendant qu'Israël patienterait.
|
Chine, contre, freine, Iran, nouvelles, Chine, contre, freine, Iran, nouvelles, Chine, contre, freine, Iran, nouvelles
|