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【关于作者】
Rue89是法国几个记者办的网站,他们在办网站之前是左派报纸《解放报》的记者。本文作者正是Rue89的前副主编Pierre Haski(中文名韩石),他于1995年出任负责国际事务的主任并任职副总编。2000年到2005年被《解放报》派驻北京,期间经营的《我的中国日记》博客因其自由的言论被中国当局屏蔽。06年至07年3月离开《解放报》前,一直任该报副总编。他在Rue89上组织一个叫“中国城”的版面,经常发表充满偏见的文章。当然,这并不妨碍他在本文中支持将兽首物归原主。
中国记者眼中的Pierre Haski(韩石):
http://bbs.m4.cn/thread-143316-1-1.html
本文来源:
http://eco.rue89.com/chinatown/2009/02/22/berge-et-sa-vente-du-siecle-attisent-le-nationalisme-chinois
【译文】
贝杰和他的《世纪卖品》激起中国的民族主义
法中关系的新一轮危机重新开始了。引起这一次危机的是19世纪在中国被掠夺的两尊青铜雕塑,它们将在周三皮埃尔.贝杰和圣.洛朗的藏品拍卖会上卖出。拍卖临近,评论变得热烈,皮埃尔.贝杰不仅没能扮演好挑衅者的角色,反而可能已经失去了占据有利角色的机会。
这还不算,火上浇油般地,收藏者在上周五的France inter采访中表示:
“与他们想的相反,我不打算给中国人们礼物。不过,如果他们愿意重新正视人权问题,我也会考虑把这2件文物还给他们。”
真了不起啊!在这件事上讲人权?不过现在这样讲有什么意义么?不管这些物品是不是合法得来的,它们都是来源于法国历史上最不光彩的暴力掠夺成果之一,而如果我们要讲人权,不是不应该有双重标准么?
让我们回到这个不容易解决的问题上来。
历史的步伐
很少法国人知道1860年那次英法联军对中国的远征历史。一群法国军队和英国军队洗劫了圆明园,故宫,把当中的珍贵藏品塞进了自己的口袋。这段暴力的历史并没有存在法国的历史书中,却被每一个中国人所熟知。类似于,反过来假设,一群中国军队把我们的凡尔赛洗劫进了他们的口袋…
但是这件事仍然成为中国与世界相联系的一个重要里程碑。尤其这队远征军的目的并不是带给满清帝国以人权,相反,以一种更无趣的方式,开始了中国与西方的贸易,更确切的说是鸦片贸易!多么崇高的伟业啊!
将在周三被卖出的兔首和鼠首就来自于这支远征队伍,在去年10月,共产党下设的人民日报这样写道,“关于1860年被英法联军洗劫和摧毁的用于装饰圆明园“水力钟”的十二件兽首铜器,我国现已寻回其中五件,牛首,猴首,虎首,猪首,马首,另外五件,龙首,蛇首,羊首,鸡首和狗首,则至今下落不明。”
官方历史的记载和掩盖,在这件事上法国可谓做得和中国的某些领导人一样。但为了了解事件的真相,应该仔细阅读一下雨果先生对圆明园的绝美描绘。而皮埃尔.贝杰,似乎也应该在中国现在的人权指手画脚之前重新阅读一下。
雨果的信配上视频:
雨果提到,“把我们所有大教堂里收藏的宝贝堆在一起,也抵不上这座光辉灿烂的东方博物馆”,在那天,他写道:
“一个掠夺,一个纵火。似乎获得胜利就可以当强盗了。伟大的功勋,喜人的收获。一个胜利者装满了身上的口袋,另一个见了,也把一个个保险箱装满。于是,他们手挽手笑着回了欧洲。这就是2个强盗的故事。我们欧洲人是文明人,中国人在我们眼里是野蛮人,这就是文明对野蛮所干的勾当。”
雨果以激扬的文字做结:“法兰西帝国侵占了这次胜利的一半成果,今天,他以一种所有者的天真,炫耀着圆明园里的灿烂股东。我希望,铲除污垢后解放了的法兰西把这些赃物归还给被掠夺过的中国的那一天将会到来。”
无力的法律
皮埃尔认为自己拥有这样的权利,他这样为自己辩驳:
这些中国兽首铜像是150年前从中国掠夺过来的,就像从雅典掠夺的万神殿壁画一样,现在还在大英博物馆,就像人们曾经掠夺的许多文物一样,目前还陈列在世界各地博物馆。这是合法的,是有司法判例的。
事实上,世界各地的著名博物馆都持有一些战争受害国的文物,从卢浮宫到一些著名的美国博物馆,从大英博物馆到俄国博物馆,都拒绝归还过去所掠夺的文物。包括欧盟的博物馆,就拿大英博物馆来说,它就拒绝了希腊多次要求归还万神殿壁画的请求。他们是以艺术的普遍性为由拒绝的,很显然他们就这样妥善处理了。
但是多年来中国政府立场依旧强硬:国家文物局博物馆司司长宋新潮强调说:“我们绝对无法接受那些在过去被掠被盗走私的珍品在国外被拍卖。”
案件将在周一紧急审理,即在文物拍卖的两天前审理,但是法律似乎对中国不利,这些文物是皮埃尔·贝杰与逸夫·圣·洛朗合法取得的。
何种程度的妥协?
皮埃尔·贝杰的兽首铜像事件并不是首例。以前的拍卖会上也出现过数次中国的“爱国商人”代替北京购买文物,并带回中国。虽然不能从法律上得回失物,但今日的中国已经有了经济实力来达成他们的心愿。
在2007年,中国的亿万富翁何鸿燊,澳门赌王,曾经花了六千九百万港币,约合630万欧元购回文物,这一行为受到了北京政府的称赞,他们认为这是一个“爱国行为”。
他曾经以这个这个记录买回了一个圆明园因被掠夺而流失的兽首铜像,这个铜像当时正准备在香港苏富比拍卖公司拍卖。
据北京的中国日报报道,身家估计高达70亿元的何鸿燊有意把他斥巨资购得的作品捐献给‘祖国’,因此苏富比的拍卖被中断。这是真实发生在香港的,在1997,正值香港回归中国。苏富比也非常希望能吸引北京的惠顾.
中国政府已经声明将不参与周三的拍卖。人民日报网站援引宋新潮的话说:“尽管我们很想收回我们的国宝,但我们不会参加拍卖活动,我们绝不想为本属于我们的文物买单。”
但是却有人能够为之效劳,正如何鸿燊之前所做的一样。在北京,以军事工业起家之后也涉足房地产以及文化领域的保利集团,具有雄厚的经济实力。后来,它成为回购国际拍卖会作品的专家。
他甚至建了个博物馆专门用来放置这些回购的宝物。该博物馆位于北京中心保利剧场的一隅。
自98年以来,保利集团已花费超过1亿欧元用于买回数百件宝物,最著名的三样是在香港花费了400万欧元购买的来自圆明园的虎首,牛首以及猴首。“我们明白这些收藏家并非强盗,他们一般不了解这些宝物的来源。所以我们想要通过购买的手段来对他们做出补偿。”一位他们的负责人03年这样告诉我。
保利集团定期在全国各地巡回展出,每每必挑起中国人的爱国热情,并时刻提醒中国人那段当中国还无法抵挡西方列强时所遭遇的痛苦历史时刻。信息是明确的:不想重蹈覆辙,中国必须更强大.
民族主义的挑战
尽管这次法国政府并不表示关注,但面对不断激起的情绪,甚至是中国政府的力争,我们却不能就这样忽视.这些被掠夺来的艺术品的问题已经被提出多年了.2007年,意大利把昔兰尼维纳斯在时隔一个世纪后返还给利比亚,这表明单纯简单的拒绝并不总是一种现实的外交选择.
在收回二战时被德国军队掠夺的艺术品的行动中,法国自己也很积极活跃,如在外交部网站中公布名为“这些画属于谁”的展览的信息.这项展览在去年举行,由外交部长贝尔纳和文化部的克里斯蒂纳夫人倡议发起.
“这次展览再现了法国政府为了收回在第二次世界大战中被德国占领者掠夺的我们合法所有的艺术品的行动史.”
时效从什么时候开始呢?只要掠夺者还活着?第二次世界大战时的,可以,北京远征时的,不行?
很难看到中国的观点,特别是在去年中法关系紧张后,这还在中国舆论内部引起了至今仍然活跃着的民族主义运动.拉法兰最近去了中国,试图再次牵上对话的线绳,但他也承认北京在等萨科奇至今还没有做出的表态.
因此,当我们周六在Facebook上看到名为“中法民众希望立刻归还圆明园被掠文物”的文章时,就一点也不奇怪了,其中发起人之一是在奥运圣火传递后,在巴黎组织了中国留学生游行示威的一位组织者.
这段文字很明显是引自维多克雨果,同样指的第二次世界大战:“如果德国军队在1945年撤兵时,带走了卢浮宫那些最美丽的作品,法国会有什么反应呢?”
这种背景下,在1989年的天安门广场的镇压民主运动时采取了支持学生立场的皮埃尔贝杰,在我们看来似乎是错了,因为他做的就好像别人全都被蒙蔽了一样.
他所谓的用人权来交换雕刻品的提议是荒谬的 :他本该更深思熟虑些,以维多克雨果的呼吁,以及他所捍卫的普遍价值观的名义,做出一个慷慨的高大姿态,把这些物品捐给中国的一家博物馆.
皮埃尔贝杰的姿态就好像是“对中国人们的侮辱”,这种表现可能会把北京和它的不尊重人权置于更麻烦的困窘之中,只会加强那种会滋生一定程度的傲慢自大的民族主义情绪.
【原文】
Bergé et sa « vente du siècle » attisent le nationalisme chinois
C'est reparti pour une nouvelle crise de nerfs franco-chinoise, provoquée cette fois par l'"affaire" des deux sculptures en bronze pillées en Chine au XIXe siècle et qui seront mises en vente mercredi dans le cadre de la collection de Pierre Bergé et d'Yves Saint Laurent. Le ton est devenu passionné à l'approche de la vente, et Pierre Bergé a peut-être perdu une occasion d'avoir un rôle positif au lieu de jouer les provocateurs.
Le collectionneur n'a pas été le dernier, en effet, à souffler sur les braises, en lançant vendredi sur France Inter:
"Je ne ferai pas de cadeau aux Chinois contrairement à ce qu'ils imaginent. Je suis prêt à donner ces têtes chinoises à la Chine s'ils sont prêts à reconnaître les droits de l'homme."
Bigre! Que viennent faire les droits de l'homme dans cette affaire? Et, surtout, c'est faire peu de cas du fait que ces pièces, que lui-même a évidemment acquises légalement, sont le fruit d'un des faits d'armes les moins glorieux de l'histoire militaire française, et que si l'on invoque les droits de l'homme, il ne faudrait pas qu'ils soient à sens unique.
Retour sur une affaire qui n'est assurément pas simple à trancher.
Le poids de l'histoire
Peu de Français connaissent l'expédition punitive menée par les troupes françaises et britanniques à Pékin en 1860, au cours de laquelle Yuanmingyuan, le palais d'été de la famille impériale, fut mis à sac et pillé. Ce haut fait d'armes ne figure pas dans les livres d'histoire français: il est en revanche connu de tous les Chinois, comme l'aurait certainement été, dans l'autre sens, une hypothétique mise à sac du Château de Versailles par l'armée chinoise.
Il reste un repère important dans les rapports des Chinois au monde extérieur. Surtout que l'objectif de cette expédition militaire n'est pas d'amener les droits de l'homme dans l'empire chinois, mais, de manière plus prosaïque, d'ouvrir la Chine au commerce occidental, en particulier à l’opium! Noble cause!
Le lapin et le rat en bronze qui seront mis en vente mercredi proviennent de cette expédition militaire, et d'une pièce ainsi décrite en octobre dernier par le Quotidien du peuple, l'organe du Parti communiste chinois:
"Sur les douze ornements qui composaient la fontaine-horloge du Palais Yuanmingyuan, pillé et détruit en octobre 1860 par les troupes franco-britanniques, la Chine est déjà parvenue à récupérer cinq d'entre eux, à savoir la tête de bœuf, de singe, de tigre, de cochon et de cheval. L'emplacement actuel des têtes de dragon, de serpent, de chèvre, de coq et de chien, reste toutefois inconnu."
L'écriture officielle de l'histoire, et sa manipulation, sont évidemment présents dans cette affaire comme dans celles que les dirigeants chinois préfèrent gommer. Mais pour prendre la mesure de l'événement, il faut lire le magnifique texte que Victor Hugo a consacré au sac du Palais d'été, et que Pierre Bergé aurait été bien inspiré de relire avant de balancer ainsi les droits de l'homme à la figure des Chinois. (Voir la vidéo avec le texte de Victor Hugo)
Victor Hugo rappelait que "tous les trésors de toutes nos cathédrales réunies n'égaleraient pas ce formidable et splendide musée de l'Orient." Jusqu'au jour où, comme il l'écrit:
"Deux bandits sont entrés dans le palais d'été. L'un a pillé, l'autre l'a incendié. La Victoire peut être une voleuse, à ce qu'il paraît. (...) Grand exploit bonne aubaine. L'un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l'autre a empli ses coffres et l'on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l'histoire des deux bandits.
Nous Européens, nous sommes les civilisés et pour nous les Chinois sont les barbares. Voilà ce que la civilisation a fait à la barbarie."
Et Victor Hugo de conclure par une belle envolée:
"L'empire français a empoché la moitié de cette victoire, et il était aujourd'hui, avec une sorte de naïveté de propriétaire, le splendide bric-à-brac du palais d'été? J'espère qu'un jour viendra où la France délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée."
La France n'a évidemment jamais renvoyé "ce butin à la Chine spoliée". Le commerce de l'art a pris ensuite le dessus. Certaines de ces pièces se sont retrouvées dans les musées nationaux, d'autres entre les mains de collectionneurs privés, à l'instar de l'objet de l'actuelle controverse.
La faiblesse du droit
Pierre Bergé s'estime certain de son bon droit, et se défend ainsi:
"Ces têtes chinoises ont été pillées il y a 150 ans en Chine comme ont été pillées les fresques du Parthénon à Athènes qui sont au British museum, comme ont été pillées beaucoup de pièces qui se trouvent dans tous les musées du monde. Là-dessus il y a une législation et une jurisprudence."
Et, de fait, tous les grands musées au monde détenteurs de pièces revendiquées par des pays victimes de pillages lors de guerres, du Louvre aux grands musées américains en passant par le British Museum ou l'Ermitage russe, se sont entendus pour refuser les demandes de restitution. Y compris au sein de l'Union européenne, à l'image du British Museum qui repousse les demandes répétées de la Grèce de récupérer les frises du Parthénon. Ces musées répondent au nom d'une "universalité" de l'art qui les arrange évidemment bien.
Mais la position du gouvernement chinois, établie il y a déjà plusieurs années, reste inflexible: Song Xingchao, directeur général du département des musées de l'administration d'Etat du patrimoine culturel, explique:
"Nous n'acceptons pas que les oeuvres qui ont été pillées, volées ou sorties en contrebande par le passé puissent être vendues à l'étranger."
L'affaire sera traitée en référé lundi, à deux jours de la vente des deux pièces, mais le droit ne semble pas devoir jouer en faveur de la Chine, les pièces ayant été acquises légalement par Pierre Bergé et Yves Saint Laurent.
Quel compromis?
L'affaire des deux sculptures de Pierre Bergé n'est pas la première de ce genre. Plusieurs cas ont été réglés par l'irruption d'"hommes d'affaires patriotiques" chinois, qui se sont substitués à Pékin pour acheter les pièces apparues sur le marché, et les ramener en Chine. A défaut de gagner sur le terrain du droit, la Chine a aujourd'hui les moyens financiers de ses ambitions.
En 2007, le milliardaire chinois Stanley Ho, roi des casinos de Macao, avait ainsi déboursé 69 millions de dollars de Hongkong (6,3 millions d'euros) pour accomplir ce qui a été salué par Pékin comme un "geste patriotique". Il avait racheté, à ce prix record, une magnifique tête de bronze provenant du pillage de Yuanmingyuan, et qui devait être mise en vente aux enchères chez Sotheby's à Hongkong.
Stanley Ho, dont la fortune est estimée à 7 milliards de dollars US, a obtenu de Sotheby's que les enchères soient annulées en raison de son intention d'offrir cette pièce exceptionnelle à "la mère patrie", selon la formule du China Daily de Pékin. Il est vrai que cela se passait à Hongkong, redevenue chinoise en 1997, et que Sotheby's avait tout intérêt à s'attirer les bonnes grâces de Pékin.
Le gouvernement chinois a déjà annoncé qu'il ne participerait pas à la vente de mercredi. Selon Song Xinchao, cité par le site du Quotidien du peuple:
"Malgré notre désir de récupérer ces trésors d'Etat, nous ne participerons pas à la vente aux enchères car nous n'avons nullement l'intention de payer des biens qui nous ont initialement appartenu."
Mais d'autres pourraient le faire pour lui, à l'instar de Stanley Ho. A Pékin, le groupe Poly, dont la puissance financière provient de l'industrie de l'armement, avant de devenir un conglomérat immobilier et… culturel, s'est fait une spécialité dans la récupération de ces œuvres dans les enchères internationales. Il a même ouvert un musée dédié à ces trésors récupérés, dans une aile de son théâtre situé au centre de Pékin.
Poly a déjà dépensé plus de 100 millions d'euros depuis 1998 pour racheter des centaines de pièces, dont les plus connues sont trois têtes de tigre, bœuf et singe provenant de Yuanmingyuan, payées quatre millions d'euros lors d'une vente à Hongkong. "Nous savons que les collectionneurs ne sont pas les voleurs, ils ne connaissent souvent pas l'origine de leurs pièces. Nous voulons les indemniser en achetant leurs œuvres", m'avait dit un de ses dirigeants en 2003.
Le groupe Poly expose régulièrement ces œuvres à travers le pays, suscitant à chaque fois ferveur patriotique et rappel des épisodes douloureux de l'histoire de la Chine, lorsqu'elle n'était pas en mesure de résister à l'avancée des puissances occidentales, industrialisées et plus fortes militairement. Le message est simple: plus jamais ça, il faut une Chine forte.
Enjeu nationaliste
Même si l'Etat français n'est pas concerné, il ne peut rester indifférent à la passion soulevée, et même aux arguments du gouvernement chinois. La question des œuvres d'art pillées est posée depuis plusieurs années. Lorsque, en 2007, l'Italie restitue à la Libye la Vénus de Cyrène qui se trouvait sur son sol depuis un siècle, elle montre que le refus pur et simple n'est pas toujours une option diplomatique réaliste.
La France elle-même s'active pour récupérer les œuvres d'art pillées par l'armée allemande pendant la deuxième guerre mondiale, comme en atteste [url=]cette information publiée sur le site du ministère des Affaires étrangères[/url], à propos d'une exposition intitulée "A qui appartenaient ces tableaux", et qui s'est tenue l'an dernier. Lancée à l’initiative de Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, et de Mme Christine Albanel, ministre de la Culture,
"cette exposition retrace l’histoire des actions du gouvernement français pour rendre à leurs légitimes propriétaires les œuvres et objets d’art pillés en France par l’occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale".
A partir de quand y a-t-il prescription? Tant qu'il y a des propriétaires spoliés vivants? La deuxième guerre mondiale oui, mais les expéditions de Pékin, non?
Difficile à lire vu de Chine, surtout après les tensions franco-chinoises depuis un an, qui ont provoqué des campagnes nationalistes au sein de l'opinion chinoise et qui restent vives. Jean-Pierre Raffarin se trouvait récemment en Chine pour tenter de renouer le fil du dialogue, mais reconnaissait que Pékin attendait un geste de Nicolas Sarkozy qui ne vient pas...
C'est donc sans surprise que l'on reçoit ce samedi, via Facebook (!), un texte intitulé "Les Citoyens chinois et français souhaitent le retour immédiat des reliques pillées du Palais d'été", dont l'un des initiateurs avait déjà été l'un des organisateurs de la manifestation des étudiants chinois place de la République, à Paris, après le passage controversé de la flamme olympique.
Ce texte cite évidemment Victor Hugo, et fait également référence à la deuxième guerre mondiale:
"Quelle aurait été la réaction de la France si l'armée allemande, lors de sa retraite en 1945, avait emporté avec elle les plus belles œuvres du musée du Louvre?"
Dans ce contexte, Pierre Bergé, qui s'était engagé dans le soutien aux étudiants chinois lors de la répression du mouvement démocratique de la place Tiananmen en 1989, a eu tort, nous semble-t-il, de faire comme si tout cela était de la poudre aux yeux.
Son offre d'échanger ses sculptures contre les droits de l'homme est absurde: il aurait été plus avisé de faire un grand geste généreux, au nom de l'appel de Victor Hugo et les valeurs universelles qu'il défend, et d'offrir ces pièces à un grand musée chinois.
Pierre Bergé aurait mis Pékin et son non respect des droits de l'homme beaucoup plus dans l'embarras qu'avec une attitude qui sera aisémment présentée comme une "insulte au peuple chinois", et ne fera que renforcer ce nationalisme qui se nourrit d'une certaine arrogance. |
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