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本帖最后由 vivicat 于 2009-8-20 13:36 编辑
A l'usine de Shaoguan, la méfiance divise toujours ouvriers hans et ouïgours
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2009/08/19/a-l-usine-de-shaoguan-la-mefiance-divise-toujours-ouvriers-hans-et-ouigours_1229831_3216.html#ens_id=1215531
LE MONDE | 19.08.09 | 15h14
Shaoguan (Chine), envoyé spécial
AFP/PETER PARKS
Dans le cadre d'un programme d'Etat, près de 800 Ouïgours, originaires du compté de Sheger, près de Kashgar (la capitale du Xinjiang), ont été embauchés par le fabricant de jouets Early Light.
Les bâtiments neufs de l'immense usine dénotent dans ces collines verdoyantes du nord de la province du Guangdong, à la sortie de la ville de Shaoguan. Early Light appartient à des capitaux hongkongais. C'est l'un des plus gros fabricants de jouets du monde. Ici, ses 20 000 ouvriers sont courtisés par une floraison de petits commerces situés dans les immeubles face au portail d'entrée.
Mais voilà, "les affaires ne sont plus ce qu'elles étaient, nous dit un commerçant du Hunan, qui tient une buvette. Les gens osent moins sortir après ce qui s'est passé". Et d'évoquer cette nuit du 25 au 26 juin où des centaines d'ouvriers hans ont attaqué des Ouïgours dans les dortoirs de l'usine, en en battant au moins deux à mort, suite à une rumeur de viol d'une intérimaire han par six Ouïgours.
Les ouvriers ouïgours d'Early Light faisaient partie d'un contingent de 800 Ouïgours, hommes et femmes, originaires du comté de Sheher, près de Kashgar, et embauchés en mai dans le cadre d'un programme d'Etat. Le lynchage, dont des images extrêmement violentes prises par téléphone portable ont été diffusées sur Internet, a incendié les esprits dans la région autonome du Xinjiang (ouest de la Chine) dont les autochtones, turcophones et musulmans, se sentent marginalisés, et conduit aux émeutes sanglantes du 5 juillet à Urumqi.
L'enquête officielle sur l'incident de Shaoguan a conclu qu'un ouvrier han qui n'avait pas été réembauché après avoir quitté son travail, avait répandu, par dépit, la rumeur du viol sur Internet. Et qu'une jeune ouvrière han, en poussant un cri après être tombée nez à nez avec des Ouïgours le soir du 25, avait mis le feu aux poudres. Enfin, la semaine dernière, la police chinoise a arrêté un cuisinier ouïgour du Guangdong qui aurait répandu la rumeur que 16 ou 17 Ouïgours étaient morts pendant la bagarre, et non deux.
A Shaoguan, les tentatives des autorités pour établir la vérité ont peu de crédit : "On nous a prévenus qu'il était formellement interdit de répandre des rumeurs, mais les rumeurs, c'est tout ce qui n'arrange pas le gouvernement !", explique un employé d'Early Light qui se dit surveillant de dortoir. Il partage des bières, dans un estaminet face à l'usine, avec un collègue préposé à la peinture des jouets. Ce dernier a assisté à l'incident. Il ne veut pas en parler, par peur de sanctions. Ils sont persuadés que des viols ont eu lieu : "Nous sommes des locaux, comment pourrait-on ne pas savoir ? Il y a eu trois cas. Dans les deux premiers, les Ouïgours ont été emmenés à la police qui n'a rien fait. Le troisième a déclenché la bagarre ", affirme le peintre.
Les Ouïgours semblent créer un choc culturel dans ces communautés d'ouvriers hans qui, tout en venant d'endroits différents, en rajoutent dans le cliché répandu en Chine du Ouïgour "voleur" et "sauvage" : "Ils ont des poils partout. Ils ressemblent à des étrangers." Une ouvrière han, Gengfong, dit qu'il faut trois Ouïgours pour faire le travail d'un Han.
Plus un Ouïgour ne travaille à Early Light, et pour cause : ceux des ouvriers qui n'ont pas été blessés le 25 juin ont été transférés dans une usine du comté voisin de Baitu. L'usine est toujours gardée par la police, et les Ouïgours étaient interdits de sortie jusqu'à il y a peu.
L'ambiance n'est pas meilleure : "Les gens d'ici n'en veulent pas. Quand ils sont arrivés, les autorités ont dû déployer l'armée car des bandes voulaient leur régler leur compte. Il y a quelques jours, des types de la région sont encore venus s'informer pour organiser quelque chose", raconte Wang, un restaurateur de Shenzhen installé près de l'usine de Baitou. Lui aussi est persuadé que trois viols ont eu lieu, que la victime est la même jeune fille de Longgui, un bourg voisin.
Une dizaine de Ouïgours auraient été tués le 25 juin : "Les autorités locales ont probablement dit la vérité. Mais le gouvernement central a décidé ensuite quoi dire, c'est toujours comme ça quand il s'agit de politique ethnique", dit-il.
Deux jeunes Ouïgours débarquent dans le restaurant pour la pause de midi. Ils avalent une bière. Leur mandarin est rudimentaire. L'un a assisté à la bagarre, dit-il. Ils ont un contrat d'un an, et touchent, selon les mois 1 000 à 1 400 yuans (100 à 140 euros). On n'en saura pas plus, un garde-chiourme ouïgour sonne vite le rappel pour regagner l'usine.
Les Ouïgours de Shaoguan participent à un programme d'embauche depuis 2006 : il s'agit d'élever le niveau de vie des Ouïgours des régions pauvres autour de Kashgar, en leur permettant de travailler dans des usines chinoises. Selon le gouverneur du Xinjiang, Nur Bekri, cité dans la presse chinoise, il toucherait 100 000 Ouïgours chaque année. Or les témoignages recueillis par les ONG ouïgoures en exil et la presse étrangère font état de pressions sur les familles pour remplir les quotas d'ouvriers à envoyer.
Des rumeurs ont aussi terni l'image du programme parmi la population locale, persuadée que les Ouïgoures sont enrôlées pour finir prostituées. Depuis, les autorités chinoises veillent à envoyer des couples et parfois les frères des ouvrières. Mais le côté organisé des embauches rend les Ouïgours vulnérables et les violations du droit du travail sont légion dans le Guangdong, "exACerbant les tensions ethniques"note l'organisation de défense des travailleurs, China Labor Rights Watch.
Brice Pedroletti
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